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Xi Dada, Grand praticien du transfert social





Le 10 décembre 2019 notre camarade Hervé Fuyet nous a proposé pour l’atelier « Parlons transfert social » organisé et animé pour l’APPS par Christine Labeille, de débattre du dernier livre de Xi Jinping : « Construire une communauté de destin pour l’humanité »

Il a nommé ce débat : «Le camarade Xi Dada, Grand praticien du transfert social ». Cette appellation en a surpris et interpellé plus d’un.

Que rapport entre Xi Jinping et les praticiens du transfert social ?

Cela s’est produit dans le contexte de la parution du livre de Xi Jinping en français : « Construire une communauté de destin pour l’humanité ».

Cela s’est produit également dans le contexte en décembre 2019 où débutaient en France les années de plomb, dictées par les gouvernements des Etats-Unis d’Amérique, qui s’abattent sur toute pensée qui ose revendiquer le droit de parler autrement de la Chine que selon ce diktat.

L’enjeu démocratique et des possibilités de débattre réellement d’une orientation de civilisation proposée et des questions qu’elle pose est évident et a été souligné.

Les questions posées en quatrième de couverture du livre: « Qu’arrive-t-il à notre monde ? Que faire ? Telles sont les questions que le monde entier se pose ? » dans cette période historique avant la survenue du Covid ont encore plus de résonance aujourd’hui, dans ce « monde d’après ».


Face à l’égarement d’un monde qui semble courir à sa perte dans des domaines vitaux comme en témoignent les répercussions planétaires d’un dérèglement climatique engendré par le mode de production capitaliste ou la course mondiale à l’armement nucléaire engendré par la politique d’un Etat en crise économique, ou encore l’augmentation des ségrégations sociales en tout genre dans le monde et accélérées par les gestions par certains états de la pandémie, l’enjeu contenu dans ce titre devient une évidence. Parler de communauté de destin est devenu une évidence et la contribution de la Chine à ce destin est essentielle. S’interroger sur l’avenir du monde sans tenir compte de la Chine réelle (et non des intentions fantasmées attribuées au gouvernement chinois) est une ineptie.


Que faire face à cet égarement ? La simple raison de l’évidence ne suffit pas. Une analyse concrète des situations concrètes pour reprendre l’expression bien connue et populaire de Lénine est de mise. Il s’agit ainsi d’analyser la réalité sociale, ce qui la fait vivre et mourir et c’est en quoi l’analyse du transfert social est essentielle.

Dans ce contexte, plusieurs points ont été abordés par notre camarade, Hervé Fuyet, qui a su nous transmettre l’essentiel de sa lecture.

Nous avons longuement travaillé au sein de l’APPS la boussole : « la réalité sociale c’est le transfert social. »

Mais qu’est ce que ce transfert social ? C’est un fait social et il est simplement la manifestation chez les humains de ce qui se vit consciemment mais aussi à notre insu dans « le vivre dans le social », dans la vie sociale, dans ce que nous vivons. Ces manifestations transférentielles sociales concernent les relations dans le social entre les personnes, les individus, mais aussi dans les rapports de groupe, les rapports d’autorité entre les personnes mais aussi envers les institutions.

Ces relations transférentielles font interagir l’amour, la haine, l’ignorance mais aussi les faits habituels de cacher et tromper, d’attribuer une jouissance mais surtout une puissance, c’est à dire la possibilité de faire, d’agir dans la vie sociale. Ce transfert complexe obéit à une logique déterminée qu’il est possible d’élucider jusque dans ses fins. Ce transfert vit dans une société et nous considérons que cet organisme social est un enchaînement dynamique vivant voué à la transition, au passage, à la métamorphose, et cela règle notre travail d’analyse pratique du transfert dans la conjonction avec la phrase qui nourrit notre concept dynamique de transfert du social dans le mental : « Le mouvement de la pensée n'est que la réflexion du mouvement réel.»

C’est à partir de là que nous travaillons tant en individuel que dans le collectif.

Nous avons affiné le concept de transfert social en l’appelant transfert de valeurs, Wertübertragung, en référence au Capital Livre 1 dans la première section « La marchandise et la monnaie ». Des valeurs circulent portées par les humains, souvent à leur insu, et concernent certes les valeurs morales mais aussi les valeurs matérielles des mots, des images, des sensations de corps qui fonctionnent chez un être humain. Cet assemblage constitue un anneau. Cela éclaire le fait « qu’un organisme social est un enchaînement dynamique vivant voué à la transition, au passage, à la métamorphose » : l’enchainement dynamique des anneaux nous fera examiner aussi bien dans le collectif que dans l’individuel l’ordre de succession des anneaux, leurs formes, leur assemblages et ce qui les distingue les uns des autres, leur rapport de valeurs et les contradictions qui les mettent en mouvement.

Différents éléments approfondissant le concept de transfert social seront trouvés sur ce blog par ceux qui le souhaitent.


Ce préliminaire était nécessaire pour expliquer en quoi le camarade Xi Jinping serait un praticien du transfert social et quel intérêt cela a-t-il pour le monde ?

La première constatation dans le sens de ce point important est tout d’abord le primat de l’histoire et de la pratique sociale.

C’est ainsi que dans le discours au Collège d’Europe (p.116) Xi Jinping met en avant l’étude nécessaire de l’histoire des rapports sociaux. Il préconise l’étude des relations entre les hommes, entre l’individu et la société, l’homme et la nature. Parlant de la Chine et de sa civilisation il inscrit cette étude dans l’histoire de la pensée chinoise et développe les repères intéressants des écoles de pensées : Laozi, Confucius, Mozi insistant sur le fait que les Chinois ont leur propre système de valeurs, ce qui implique le primat des valeurs dans la vie sociale.

Cela est essentiel dans un monde où les principes de fonctionnement oublient l’histoire réelle sous forme de mise en rapport de valeurs pour se confiner à des études qui sont plus proches des mises en scène holywoodiennes orientées et dirigées pour trafiquer l’histoire réelle.


Le deuxième constat est que cette affirmation de la civilisation chinoise, celle qui prend en compte les rapports sociaux est importante pour comprendre l’histoire passée mais aussi celle du présent et du futur. Cela est important pour le peuple chinois mais aussi pour les autres peuples. C’est là l’ouverture proposée par Xi Jinping : l’affirmation de modes civilisations différents et la prise en considération mutuelle de ces différences historiques.


Le troisième point de constatation transférentielle est le fait que ce mode d’approche veut dire qu'il convient de travailler dans le différentiel entre les humains, à partir du différentiel entre les humains et donc de travailler la question de l’égalité.


Le quatrième point est en rapport avec la façon de travailler la question de l’égalité entre les humains, les peuples et les états, soit la substantifique moelle de l’objet du livre « Construire une communauté de destin pour l’humanité ». Nous allons décliner ce point essentiel sous différents angles et nouveaux points à souligner.


Le cinquième point est essentiel : la façon d’analyser les rapports sociaux d’égalité n’est pas fondé dans ce livre sur le primat de l’idéologie. Nous aurions pu nous attendre à une mise en avant de concepts marxistes ou communistes pour analyser les situations concrètes et les appliquer. Il n’en est rien. Dans l’étude des différents problèmes mondiaux Xi Jinping part du concret mondial dans lequel nous vivons en commun. Cela tranche par rapport aux raisonnements abstraits idéologiques qui ne prennent pas en compte le transfert social, c’est à dire les concrets du faire, de l’agir, de l’action. Contrairement aux tenants de la philosophie hégélienne, il ne substitue pas les concepts à la réalité, c’est à dire à ce qui se vit dans le social, les rapports sociaux de production. L'explication des faits sociaux doit être cherchée d’abord dans les rapports matériels, et non dans les rapports idéologiques. C’est cette orientation que Lenine déploie dans son texte de 1894, «  Ce que sont les amis du peuple », OC tome I, p. 143 - 217, Juillet 1894, Editions sociales, de façon géniale et trop peu prise en compte : « Définissant leur conception du monde, ils ( Marx et Engels) l’appelaient simplement matérialisme. Leur idée fondamentale était que les rapports sociaux comportent des rapports matériels et des rapports idéologiques. Ces derniers ne sont qu'une superstructure érigée sur les premiers et s'établissant en dehors de la volonté et de la conscience de l'individu, comme un résultat, une forme de l'activité de l'homme pour assurer son existence L'explication des formes politico‑juridiques, ‑ dit Marx – doit être recherchée dans les « conditions matérielles de la vie ». Avec le concept de transfert d’une problématique sociale dans le mental et avec la pratique du transfert social, nous sommes donc au coeur de l’articulation entre les rapports sociaux matériels et les rapports sociaux idéologiques en partant de la base de la vie sociale, les « conditions matérielles de la vie ».

Cela est dans la perspective de la prise en compte des rapports sociaux de production, essentiel : ces rapports sociaux comportent des rapports matériels et des rapports idéologiques, et c’est une erreur grave de fonder l’analyse des situations sur les rapports idéologiques. Cette erreur grave est fréquente et Xi Jinping nous permet de l’éviter en proposant comme base d’analyse les rapports matériels. Cela est donc une façon novatrice de considérer la situation sociale mondiale et cela a de multiples incidences y compris dans le milieu du marxisme ou de la psychanalyse. Cela met en question les analyses structuralistes par exemple ou les tenants de la French Theory (Foucault, Derrida, Deleuze) par exemple. Comme le soulignait Georges Politzer pour la psychanalyse, les faits nouveaux découverts et pris en compte doivent être repris pour trouver leur compréhension véritable. C’est cette orientation que nous avons pris avec le transfert social, le transfert de valeurs.

La proposition de Xi Jinping de partir des situations matérielles concrètes rencontre donc de façon positive notre vision que nous avons maintes fois souligné : le danger de partir dans l’analyse du primat de l’idéologie, des idées qui est toujours dans ses conséquences le développement possible d’un potentiel meurtrier réel.

C’est donc là une grande avancée indiquée par Xi Jinping que de mettre en pratique ce nouvel abord de la réalité et d’analyser les rapports sociaux d’égalité


Dans ce contexte il est important aussi de souligner un sixième point, la question fondamentale de la responsabilisation sociale, de la responsabilisation des Etats, de proposer un développement ensemble. Au niveau de l’analyse historique je soulignerai que la survenue de la barbarie nazie a eu lieu sur un fond de délitement des responsabilisations sociales et étatiques et que le contexte actuel au niveau occidental reprend ce même délitement.


Cela amène le septième point que je soulignerai dans l’analyse de la proposition de Xi Jinping qui est celui de la destruction, la menace de la destruction. Toute l’analyse de Marx sur la civilisation capitaliste notamment dans son ouvrage majeur du Capital montre que rien n’est sûr pour le capitalisme car les prodigieuses richesses qu’il produit sont aussitôt détruites.

Il est donc nécessaire d’analyser ce capital destructeur et de prendre en compte cet objectif fixé par le socialisme aux couleurs de la Chine de société de moyenne aisance et de répondre à l’aspiration à la sécurité et à la stabilité.


Cela va de pair avec le développement des puissances de l’homme qui est à lui-même sa propre fin pour reprendre une expression de Marx et c’est ainsi que j’aborderai le huitième point. Donner les conditions concrètes sociales de vie pour assurer la liberté de vivre et de trouver le minimum requis pour la conquête de l’épanouissement de la liberté de chacun à travers l’éducation et la santé. La sortie de la pauvreté : en une décennie 100 millions de chinois sont sortis de la pauvreté extrême. Il va de soi que cette voie politique pourrait aider certains peuples dans le monde notamment en Afrique.


Le neuvième point complète les précédents à savoir la mise en place d’échanges et d’ouverture aux autres qui préconise de se mettre à la place de l’autre pour rompre avec une politique de survivre aux dépens de l’autre.


Le dixième et dernier point est dans la continuité du précédent puisqu’il concerne ce qui est la caractéristique du socialisme aux couleurs de la Chine : la politique du gagnant-gagnant, du win win que met en application le projet des nouvelles routes de la soie. Cela nous intéresse au plus haut point du point de vue du transfert social puisque nous considérons à la lecture du Capital que pour Marx le plus important n’est pas la loi de la valeur, la production, la jouissance et son attribution mais le rapport de valeur d’échange qui est la base de vie réelle dans la civilisation capitaliste, c’est à dire dans le commerce capitaliste.

C’est ce rapport de valeur d’échange qui commande le reste, les valeurs, valeurs de jouissance, les modes de productions et donc notre transfert de valeurs.

C’est sur ce rapport de valeur d’échange que la politique chinoise agit avec la politique du win win et nous sommes intéressés en tant qu’être humain , c’est à dire en tant qu’agent, effet et produit des rapports sociaux de production.

Ce nouveau rapport est d’une importance extrême car il concerne la responsabilisation sociale et politique qui est le problème majeur de notre monde.

Au niveau de la pratique et la théorie du transfert social, du transfert de valeurs nous avons placé le rapport de valeur comme au fondement de la civilisation humaine dans le monde capitaliste mais donc aussi dans la vie sociale vivante et ses contradictions vivantes. Le rapport avec la valeur d’échange est analysé par Marx dans le chapitre sur le fétichisme de la marchandise comme étant à la fois le rapport qui fait égalité dans le social et le rapport qui trompe et qui cache. C’est donc un point transférentiel de valeurs essentiel où se jouent les rapports avec l’inconscient du faire, ne pas savoir ce que l’on fait, l’insu du faire.

Cette nouvelle politique du win win permet donc de faire un gain de savoir primordial sur une nouvelle politique mondiale en faveur de la paix réelle.

En effet il ressort du fait que derrière la valeur d’échange se cache ce que Marx dénonce, l’exploitation du prolétaire et nous avons vu également que donner le primat à l’idéologie était dangereuse et meurtrière et qu’il convient de donner le primat à la vie des rapports matériels vivants. Le concret pour parer à la civilisation de destruction et de concurrence meurtrière dans sa finalité mise en avant par l’impérialisme a donc sa légitimité dans le transfert social.

Nous retrouvons ici donc un grand espoir pour vaincre l’impérialisme étasunien qui a pour fondement sous son masque de l’American Way of Life la guerre pour le profit, la guerre tout court.

Le livre de Xi Jinping est donc à lire pour, non pas prendre un modèle, mais pour travailler des voies mondiales et multipolaires à la sortie de la civilisation capitaliste, avec le win win Way of Life.


Hervé Hubert


©Fernand Léger


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