top of page

What a wonderful world




Cette chanson interprétée par Louis Armstrong raconte le bonheur simple de la vie de tous les jours, le bonheur familial, et la mélodie est belle, harmonieuse, accompagnant  les sens de l’oreille musicale de la promesse du bonheur. Le merveilleux est mis en chanson.

Barry Levinson a choisi cette chanson dans la réalisation du  film « Good Morning Viêt-Nam » en 1987. L’action du film se passe en 1965 alors que la chanson est sortie en 1967. Mais qu’importe ! l’effet de la sensibilité musicale l’emporte, le rapport à l’autre rend l’oreille musicale et l’œil du spectateur  voit dans la même sensation organique les attentats, les manifestations d’étudiants, les combats militaires etc…

Le décalage est ressenti par le spectateur et vaut mieux qu’un discours ou une explication rationnelle.

L’échange visuel et sonore de la production à l’écran prévaut pour le spectateur et crée un hiatus. Tout hiatus dans la relation humaine renvoie à des poussées contraires, des poussées dans un sens, des poussées dans un autre sens, et cela dépasse la raison.

L’effet du merveilleux est complexe. La première réaction par rapport à la mise en parallèle de « What a wonderful world ! » et de la guerre du Viêt-Nam est souvent celle de la dénonciation des subterfuges produits par l’industrie de communication des Etats-Unis pour faire croire que sa défense  de la liberté se confond avec celle de « l’American way of life ». Cette critique est évidemment juste et il est pertinent de la partager.

Il n’empêche que le merveilleux fonctionne toujours…. What a wonderful world !

Le point de vue des tenant du primat de la raison est de dire que la merveille est mythique, mystificatrice, transcendantale et irrationnelle, et qu’elle fait de la réalité humaine, une fausse réalité. . Cette critique est là aussi pertinente.  Mais il est un fait social observable :  la merveille attire les êtres humains. Elle attire par la croyance en l’existence abstraite d’un autre monde que le monde matériel que nous connaissons via un savoir scientifique. Si elle peut effectivement alimenter les religions aliénantes à partir de là, c’est alors par le biais de l’imposition d’un absolu coupé des conditions sociales humaines. Le fonctionnement en secte, qui est différent de celui d’une minorité car une secte peut être majoritaire,  pousse au passage du savoir absolu au pouvoir absolu. L’analyse du merveilleux peut nous apprendre beaucoup et au-delà de la dénonciation de ce qu’elle cache, point de départ de ma mise en conjonction d’une chanson de Louis Armstrong avec l’horreur des guerres américaines. Cette lumière de la critique de ce qui cache et trompe via le show est essentielle mais peut être courte et oppressive, si elle fait taire une part d’irrationnel chez les êtres humains. Cette part d’irrationnel a une logique que l’analyse cinématographique par exemple peut mettre au devant de la scène en faisant vivre ou se connectent les mots, les images et les corps dans leurs formes. Ces connexions sont des forces d’attraction qui peuvent faire vivre des contradictions. Voilà ce que dans un instant de vie, le merveilleux peut nous apprendre, sans  vocation absolutiste, et nous éclairer dans une logique qui mêle science et œuvre artistique, au lieu de les opposer.



Hervé Hubert


Illustration : ©Théophile-Alexandre Steinlen

Comments


Archive
Search By Tags
Nous Suivre
  • Facebook Basic Square
bottom of page