Hommages à Hervé Fuyet
ADIEU CHER HERVÉ FUYET
La date du 2 août 2021 restera à jamais gravée dans ma mémoire. Je venais juste dix minutes avant de raccrocher au téléphone avec Peggy CANTAVE FUYET, sa fille, après s’être donné rendez vous pour le lendemain quand l’hôpital St Joseph m’a appelée pour me donner la terrible et triste nouvelle : Hervé FUYET nous à quittés un peu avant 18h!
On avait espéré Peggy et moi qu’il pourrait bientôt poursuivre une hospitalisation à domicile en reprenant ses habitudes adaptées à sa nouvelle situation! Hélas il nous a faussé compagnie mettant en berne nos espérances et nous plongeant dans une immense tristesse. Le monstre a eu raison de lui en accentuant une fragilité qui ne lui a pas permis de faire face, de résister aux conséquences du mal sur un organisme affaibli par une longue hospitalisation.
Ainsi, en un clin d’œil, je perds un grand ami, un camarade aguerri, inlassable pèlerin de la lutte anticolonialiste , de la lutte contre le racisme, jusque dans ses formes les plus larvées; un farouche partisan de la justice et de la libre détermination des peuples à décider de leur destin ; un défenseur intraitable de l’idéal communiste et des pays ( (Cuba, La Chine…) qui incarnent cet idéal dans une forme adaptée et en harmonie avec leurs caractéristiques propres. Un amoureux d’Haïti, de son histoire et de son peuple pour lequel il nourrissait de grandes ambitions de prospérité, de paix et de justice. Un ami véritable de la cause haïtienne qu’il avait faite sienne. Jusque sur son lit d'hôpital il m'assurait encore de la nécessité de continuer à mener le combat pour un rapprochement diplomatique entre la République populaire de Chine et Haïti avec l'établissement d' échange gagnant-gagnant , comme se caractérise essentiellement la coopération chinoise dans ses rapports avec les peuples de la terre.
Sa certitude et sa confiance dans la construction du socialisme aux caractéristiques de la Chine lui faisaient pointer du doigt par les défenseurs zélés du capital et même parfois dans notre propre camp par les naïfs qui, malheureusement, se sont laissés charmer par le chant des sirènes alimentant les propagandes mensongères anti-chinoises les plus rocambolesques. Le camp du socialisme existant ne cesse pourtant de s'affirmer dans le monde comme une alternative incontournable face aux impérialismes...dans des sociétés dont le système capitaliste détériore à la fois la nature physique et l’être humain lui-même.
Merci, cher Hervé d'avoir été cette boussole qui éclairait le chemin par les jours difficiles !
Hervé FUYET a aussi été un accompagnateur fidèle et créatif de l’APPS.
Il a adhéré avec beaucoup d’enthousiasme à ce courant nouveau qui met le transfert social au cœur et à la base de l’approche et de l’analyse du comportement psychique rectifiant ainsi, selon les normes du matérialisme dialectique et du système de valeur de Marx la compréhension, l’intervention sur la souffrance et l’inconfort des êtres humains. Cette entreprise audacieuse, novatrice , révolutionnaire du Docteur Hervé HUBERT dans le domaine de la psychiatrie allant certainement à contre courant des réponses classiques qui se limitent aux thèses freudiennes, lacaniennes, jungiennes a grandement intéressé le camarade Hervé FUYET.
Il assistait et enrichissait de ses réflexions avisées ( avec toute la modestie et la courtoisie qui lui étaient coutumières) les séminaires et ateliers des mardi et mercredi de l’APPS. Sa présence et sa participation actives vont laisser un grand vide dans l’équipe de l’APPS.
Je me fais également porte-parole de l’’association AMHACH (Amitié Haïti-République populaire de Chine) dont il a été le fondateur et le Secrétaire Général en exercice pour saluer la mémoire du camarade, de l’ami qu’il fut pour nous. Nous sommes convaincus que le meilleur hommage à lui rendre est de continuer le combat commencé ensemble pour que la chaîne ne se brise mais plutôt se renforce de notre volonté décuplée.
Adieu Hervé, camarade, frère, ami.
La lutte continue !
Tu nous as passé le flambeau. Sois assuré que nous veillerons à ce que la flamme ne s’éteigne mais qu’elle gagne au contraire en intensité !
Nous ne t’oublierons jamais.
Michaële LafontantPrésidente de l’AMHAC
Membre du C.A. de l’APPS
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Hervé l’homme qui s’émancipe
Aurevoirs et merci
Depuis plus de 10 ans, Hervé assistait aux séminaires et conférences dirigés par le docteur Hervé Hubert. Nous participions activement aux nombreuses réunions administratives de l’APPS, association fondée en 2013 par le docteur Hervé Hubert. Lors des assemblées générales, nous travaillions à bâtir de nouveaux projets qui nous ont permis de faire reconnaître l’APPS, association qui aborde aujourd’hui la question sociale, en relisant Karl Marx et qui propose d’entendre l’acte analytique comme pratique sociale ; c’est au sein de cette association, qu’une relation d’amitié s’est nouée.
Hervé Fuyet écoutait avec grand intérêt les témoignages de personnes, venues nous faire entendre une expérience de vie singulière dans le cadre de formations destinées à des professionnels de santé. Il contribuait alors à nos échanges par une lecture personnelle qui consistait à considérer aussi les conditions de vie d’une personne ainsi que son environnement. Il nous proposait d’examiner l’articulation du contexte social à la souffrance d’une personne.
Hervé, était très respectueux du travail mené tant par les futurs praticiens psychologues que par les plus chevronnés praticiens de la santé mentale qui remettaient incessamment l’ouvrage sur le métier.
Au cours de ces rencontres nous avons pu découvrir Politzer à partir de l’ouvrage : « Les Fondements de la psychologie » mettant en avant la notion de « concret ».
Hervé assistait également aux ateliers du mardi soir de l’APPS. Nous y avons lu cette année les textes du Docteur Hubert publiés sur son blog. Lecteur attentif de Marx et Lénine son analyse était déterminante. Nous y avons abordé notamment les notions de valeur, de transfert de valeur, de contradiction vivante et Hervé Fuyet , s’est proposé d’éclairer l’ensemble de ces notions en participant activement aux débats nourris par l’assemblée. Ce travail de lecture sous la forme d’atelier ouvre aujourd’hui de nouvelles perspectives pour l’APPS.
Cependant j’ai également pu apprécier l’homme épicurien, qui savait apprécier un bon café offert, lors de conférences. Il aimait ces paroles échangées lors de pauses- déjeuner.
On a souvent parlé d’Haïti et de la Chine car il œuvrait à poser les fondations d’une collaboration prometteuse entre ces deux pays.
Je retiens, les moments de partages littéraires, porteurs de nouvelles découvertes. Hervé m’a permis notamment de relire Frantz Fanon grâce au dernier roman de Raphaël Confiant, L’insurrection de l’âme, Frantz Fanon, vie et mort du guerrier-silex.
Et pour conclure et saluer notre ami je cite le docteur Hervé Hubert, : « La pertinence de la psychanalyse sociale est certainement cette prise en considération première du vivre ensemble et du parler ensemble. »
Christine Labeille, membre de l’APPS
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En hommage à Hervé Fuyet.
J’ai eu la chance de partager les mercredi matin avec M Fuyet (Hervé) depuis 2 ans, lors des formations de l’APPS. Je me souviens du premier jour. Les prises de paroles d’Hervé étaient directes, contre la domination de l’ordre établi. Contre un capitalisme injuste, toujours lié à une histoire de domination coloniale, patriarcale, culturelle, sociale et économique. Des mots et des images que je ressentais jusqu’à dans la moelle épinière. Je ne le savais pas encore mais j’étais déjà dans un transfert social avec Hervé.
M Fuyet pouvait me déranger avec ses propos, mentionnant des aspects positifs du régime chinois. Je pouvais le trouver un peu « space » quand il parlait de Voodoo. Au fond, ce transfert social était en train de se faire sans que je m’en aperçoive. Il était en train de me confronter à la rigidité de certaines de mes convictions. Ainsi, un beau jour, j’ai reçu dans ma boîte aux lettre une brochure avec une pétition : pour l’abolition du régime chinois. Je me demandais, qui était derrière cette pétition ? J’en étais choqué. Certes, je n’aime pas les régimes autoritaires mais… je me demandais… de quel droit pouvons-nous dire à un autre pays comment gérer sa politique ? J’en étais encore plus troublé de me retrouver dans la contradiction de cette dernière question. D’un côté, une justice sans frontières pour tous les humains peut bien argumenter contre le régime injuste de n’importe quel pays. D’un autre côté, la question elle-même est nationaliste et relativiste. J’ai pensé à Hervé. Au fond, sa grande tolérance n’était pas dupe et il me transférait son désir d’un monde où tous les mondes ont une place. Un monde plus juste et solidaire. J’ai voulu en savoir plus et j’étais touché par ses articles.
Comme beaucoup d’autres individus, j’ai mal vécu le fait de me retrouver à table et d’entendre un membre de la famille argumenter sa vision du monde politique en mobilisant la thèse du bouclier et de l’épée – sans alcool ! De même que d’autres, j’ai vécu dans la solitude les effets d’un tel transfert social. On ne veut pas déranger la famille à table. Il faut que tout se passe bien en famille. Je me suis exprimé comme j’ai pu face à la violence cachée derrière une telle argumentation transférée avec de si bonnes manières. J’étais ainsi plus que touché, quand j’ai lu l’écrit d’Hervé « Le Glaive du Vieux Le Pen et le Glaive Islamiste ». D’abord, je me suis senti moins seul face à la remontée du fascisme. Puis, j’étais admiratif du grand courage d’Hervé d’écrire aussi frontalement contre la haine. Enfin, j’étais ébloui par la profondeur qui se cachait derrière ses propos frontaux : la haine des uns nourrit la haine des autres. J’ai ainsi mieux compris que la tolérance d’Hervé n’était pas relativiste. J’ai aussi compris grâce à lui que je pouvais être moi-même plus tolérant sans sombrer dans le relativisme.
Tout ça s’est fait à mon insu. Le transfert social de la réalité du rapport entre Hervé et nous a fait un effet sur moi. Je ne soupçonnais pas un tel effet pour la vie en moi dans mon rapport à Hervé. Je m’en suis rendu compte quand j’ai appris qu’il n’était plus parmi nous. J’ai longtemps hésité à ce que je pouvais dire pour lui rendre hommage. Ça n’a pas été facile, surtout parce que j’ai ressentie la perte d’un ami. Très humblement, je n’ai qu’un peu de poésie empruntée à Alberto Cortez :
Cuando un amigo se va
queda un espacio vacio
que no lo puede llenar
la llegada de otro amigo. (1)
Alejandro Castillo Aceves
(1)
Quand un ami s’en va
il reste un espace vide
qui ne peut pas se remplir
par l’arrivée d’un autre ami.
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Hervé Fuyet, la pratique du combat et de l’amitié.
Ce 2 août 2021, jour de ta disparition, restera un moment de déflagration dans ma mémoire. Un avant et un après dans une histoire de vie. Nos conversations hebdomadaires - ritualisées autour de ton enseignement de la pratique du karaté à mon fils Mattéo - s’arrêtaient donc définitivement. Un moment de joie et de plaisir partagés à analyser les avancées et difficultés des combats quotidiens pour l’émancipation humaine communiste cessait pour toujours.
Cela est une perte immense. Nos échanges tournaient souvent autour de la vie sociale au quotidien ou le détail banal de la vie, et prenaient toute leur valeur concrète dans le combat que nous menions, loin des jeux intellectualisés abstraits. Cela pouvait paraître banal et anodin, mais ce point était essentiel, et les valeurs sociales, politiques, historiques évoquées trouvaient rapidement leur fonctionnement concret pour bâtir des transformations décisives. Nous étudions sans fioritures les contradictions vivantes de la réalité vivante, pour reprendre la boussole léniniste.
Nous nous étions rencontrés en 2010 lorsque je tenais un séminaire hébergé à la Maison des sciences de l’Homme à Paris sur « le défaut de civilisation dans l’histoire ». Je traitais alors de « la question portée par Staline ». Et nous nous étions retrouvés pour bien définir cette question dans les débats. J’avais traité l’année précédente toujours dans ce contexte de défaut de civilisation, « la question portée par Hitler », et il aurait été facile de tomber dans l’amalgame, dans la fable trop connue en Occident qu’au XXème siècle, deux despotes sanguinaires avaient provoqué un désastre mondial : le combat des totalitarismes. Nous avons ainsi donné les repères historiques, matériels et dialectiques, pour faire une analyse radicalement différente de cette Doxa dictée en Europe libérale concernant ce moment historique, en partant de l’analyse historique concrète des situations historiques concrètes pour paraphraser Volodia. Nous avons replacé les choses du côté du combat contre les ségrégations sociales et il m’est alors paru important de parler de transfert social, concept novateur que tu allais mettre en avant dans le fabuleux site que tu avais créé, le Cocowikipedia : une encyclopédie en ligne marxiste, libre, gratuite, collaborative et multilingue.
Partant de l’ouvrage de Freud « Psychologie des masses et analyse du moi » je définissais alors le concept de transfert social en croisant le texte de Freud avec celui de Marx et notamment sa VIème thèse adressée à Feuerbach où est indiqué que l’essence de l’homme est l’ensemble des rapports sociaux. Et tu te passionnais pour les analyses transférentielles mises en place à la lumière de Marx, Freud, Lacan. Et tu apportais la boussole et la lumière de ton érudition et de ton savoir marxiste dans nos réflexions collectives. Mais surtout tes réflexions étaient nourries de tes expériences de vie - communistes et multiples - aux Etats-Unis, au Québec, et surtout pour le thème du séminaire, en Union Soviétique. Ce fut le début d’un grand travail commun avec la création de ce que nous avons appelé alors les APPS, Ateliers Pratiques de Psychanalyse Sociale en juillet 2013 dont tu fus membre fondateur.
Ce travail dans le collectif bousculait régulièrement les doxa établies, mais tu le faisais de façon sûre, tranquille et respectueuse. Tu arrivais ainsi sans tambour ni trompette à toujours placer les différents renversements opérés par Marx dans la pratique et dans nos débats: le renversement lié au primat de la pratique d’une part, le renversement lié au développement de la dialectique matérielle et historique d’autre part.
Dans tes interventions qui brisaient des habitudes de pensée, y compris pour moi, tu mettais en pratique ton érudition dans la fabrique concrète de la transformation, et non dans l’étalage conceptuel, qui transformerait la vie en concepts.
Tu mettais ainsi en pratique le renversement du rapport entre ce que Marx appelle « la vie » et « la conscience ». Il s’agissait de renverser dans la pratique le postulat qui faisait croire aux hommes que la conscience déterminait la vie, que les idées organiseraient le monde. Et c’est ainsi que nous pouvions saisir ensemble que derrière les rapports sociaux ayant trait aux différences humaines, cela n’était pas les idées pures qui organisaient les logiques d’échanges, de relations économiques, de rapports au pouvoir, mais que c’était le monde matériel et social qui produisait les idées que les hommes avaient dans la tête. Et c’est de cette manière que tu pouvais faire le lien entre la lutte des classes et les luttes émancipatrices, lien qui concerne le racisme, les questions de genre et de sexe, les droits des femmes et des enfants notamment ou encore les questions de croyance religieuse. C’est cette voie qui permet de ne pas opposer la lutte pour ces émancipations et la lutte des classes. C’est elle qui permet de briser les préjugés dominants encore aujourd’hui en psychologie, en psychiatrie mais aussi dans la vie sociale courante, à savoir le préjugé central que les idées organiseraient le monde. Et il était important que tu nous aides lors des ateliers de l’APPS à éclairer cette voie du renversement en portant avec humilité mais détermination l’efficacité de la pensée pratique, au sens où Marx parle de cette dernière dans la thèse II adressée à Feuerbach.
Tout cela se faisait dans un esprit d’ouverture, loin des dogmatismes idéologiques et des procès d’intention, tenant toujours compte du fait que si des camarades humains mettent la réalité la tête en bas, ce phénomène est encore une conséquence de leur mode d'activité matériel borné et des rapports sociaux étriqués qui résultent des rapports sociaux du mode de production capitaliste, ainsi que Marx le note dans l’Idéologie allemande.
Tu aidais régulièrement ceux qui avaient besoin et étaient victimes de ce mode de production.
Tu aidais également ceux qui découvraient dans nos ateliers l’oeuvre de Marx ou de Lénine.
Internationaliste dans ta vie concrète, tu faisais lien dans tes activités collectives entre tes différents réseaux et cela a permis ainsi à l’APPS de participer au colloque organisé à Moscou pour les 150 ans du Capital où je pourrai exposer « Ce que Marx apporte à la psychanalyse sociale » à l’Université Lomonosov le 20 mai 2017 à Moscou. Cela a permis d’exposer notre originalité de travailler avec le transfert de valeurs, Wertübertragung, pris à Marx dans le Capital. De même tu permettras les connexions avec le milieu universitaire chinois pour promouvoir nos travaux en Chine socialiste. Tu donnais à juste titre beaucoup d’importance à l’expérience chinoise et oeuvrait à différents rapprochements avec ce pays, ainsi pour Haïti et la constitution d’une association l’Amhac, Association Amitiés Haïti République Populaire de Chine, avec notre camarade de l’APPS, Michaële Lafontant. Ton combat anti-colonialiste et l’influence de l’oeuvre du psychiatre Frantz Fanon animait ton action et tu te passionnais pour partager ce combat dans sa dimension universelle.
Tu avais eu le génie de rapprocher le contenu du livre de Xi Jinping de notre concept de transfert social en proposant, dans le cadre des ateliers du mardi soir de l’APPS organisés par Christine Labeille sur le transfert social, un débat ayant pour titre « Xi Dada, Grand praticien du transfert social ». Cela se déroulait le 10 décembre 2019 alors que la grande campagne médiatique contre la Chine débutait. Tu savais pointer les enjeux cruciaux en rappelant les questions posées en quatrième de couverture : « Qu’arrive-t-il à notre monde ? Que faire ? Telles sont les questions que le monde entier se pose ? »
Je consacrerai un article à cet atelier Xi Dada dans ce moment d’hommage que nous organisons à l’APPS.
Cependant je dirai ici simplement que tes interventions sur la Chine socialiste, le socialisme aux couleurs de la Chine, dans son concret et non dans l’idéologie, ont régulièrement questionné dans notre travail collectif, l’essentiel des enjeux civilisationnels qui se posent aujourd’hui tant dans l’individuel que dans le collectif.
Ces enjeux civilisationnels sont clairement décrits dans le Capital et dans la Critique du Programme de Gotha proposée par Marx. C’est là où sont apparus les fondements des actions collectives, celles de 1917 et de 1949 pour introduire une autre civilisation que cette civilisation capitaliste en voie de pourrissement ainsi que le notait Lenine. Lenine a été la boussole constante de nos réflexions communes et tu avais sauté de joie lorsque je t’avais adressé le 22 avril 2020 « Les anneaux de Lenine et le transfert social ». Tu t’étais empressé de le publier en anglais tant la découverte faite par notre camarade de l’APPS, Liuba Churyla sur une erreur de traduction d’un mot russe en français du texte d’avril 1918 « Les tâches immédiates du pouvoir des soviets », faisait lumière. Il y a en effet avantage à traduire le mot central dans ce texte « звено » par anneau et non par maillon. Cette découverte importante pour le marxisme est capitale pour notre pratique du transfert social organisant des passages réels concrets entre Marx, Lenine et notre pratique réelle. Cela a permis d’envisager autrement les poussées contraires, les contradictions dialectiques si importantes dans la proposition de la NEP de Lenine, la nouvelle économie politique, comme passage de la civilisation capitaliste à la civilisation socialiste. C’est à cet endroit précis du passage transitionnel où tu étais clairvoyant sur l’importance de ce qui se passait en Chine et que nous avons beaucoup à apprendre pour l’avenir de ce passage. Avec cette découverte d’avril 2020, ton atelier Xi Dada résonnait autrement.
Là aussi tu mêlais dans la pratique l’amitié et le combat. Tu savais prendre le temps de donner des outils concrets d’émancipation et de compréhension à qui en exprimait le besoin. L’amitié se transmettait aussi dans le jeu que tu avais initié dans notre relation fraternelle d’introduire la langue chinoise dans nos dialogues en t’auto-nommant Hervé Xiao et en me désignant du nom d’Hervé Da. Dans ton humilité tu avais choisi Xiao 小, petit et non Da 大 , grand. Cela intriguait parfois nos auditoires mais ce signe d’amitié était fort dans son expression. La force était aussi dans l’étymologie de notre prénom commun qui signifie en langue bretonnes « actif au combat ». Et tu mêlais ainsi comme le titre de cet article l’indique la pratique du combat et de l’amitié.
Tu imaginais un travail commun à Pékin, un centre de l’APPS. C’est un vœu que nous aurons à cœur de réaliser avec l’aide de ta fille Peggy.
Amitiés léninistes, mon ami et camarade, Hervé 小,
Hervé 大
©D.R
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