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L’idéologie allemande







CONTEXTE DE PUBLICATION

Les différents textes qui composent L’Idéologie allemande sont rédigés entre novembre 1845 et juin 1846. Marx et Engels se trouvent alors en exil à Bruxelles afin d’échapper à la censure qui sévit en Prusse et en France. Le but était de faire une critique de la philosophie allemande et du socialisme allemand. Faute d’éditeur, le manuscrit a été abandonné. Publié que en 1932 + en 1962 a été complété par d’autres textes qui ont été trouvés. En réalité c’est pas un livre en soi, c’est un ensemble de sept manuscrits qui ont été rassemblés à posteriori. Il y a un peu de débat sur ce qu’est réellement le texte de l’idéologie allemande.

On a ici une œuvre de jeunesse. Cela fait peu de temps que Marx et Engels se côtoient. Ils ont rédigé que la sainte famille auparavant. C’est Marx qui a essentiellement rédigé.

On est pas forcément dans les thèses les plus abouties de Marx, il y a certains termes techniques qui sont pas encore là.

Ce livre, schématiquement on peut dire que par le prétexte qu’est la critique de la philosophie allemande, les auteurs déploient leurs thèses sur le fonctionnement de l’histoire pour expliquer leur époque et esquisser la révolution communiste.

Le livre attaque la philosophie allemande de l’époque de manière assez violente. Il y a un sens de la punchline. Il y a des surnoms ironiques qui sont donnés aux personnes. On sent que c’est un ouvrage qui veut pas poliment discuter de questions idéologiques historiques etc. Mais c’est une livre de combat, ce qui lui donne une certaine dimension pamphlétaire.


THÈSE

La thèse qui est développée est celle du matérialisme historique. C’est ce pourquoi le livre est connu. Alors comment expliquer ce que c’est ? C’est pas l’idée que l’histoire est faite par des grands hommes, avec une inspiration divine ce genre de choses. Non, Marx essaye de partir de la base: « c’est quoi l’histoire ? » L’histoire c’est ce que les gens font, c’est les conditions matérielles de leur existence et de leur survie.

« Toute histoire doit partir de ses bases naturelles et de leur modification par l’action des hommes au cours de l’histoire. »

C’est comment les personnes interagissent avec leur milieu et s’influencent réciproquement. On est conditionné par notre condition de vie matérielle, mais en même temps on est acteur sur le monde et donc on modifie ce monde.

« Par conséquence les circonstances font tout autant les hommes, que les hommes font les circonstances. »

Les hommes produisent leurs moyens d’existence et du coup produisent aussi leur vie matérielle. Et leurs conditions de production influencent qui ils sont. Donc ce que sont les individus dépend des conditions matérielles de leur production.

« Des individus déterminés qui ont une activité déterminée productive selon un mode déterminé. »

Et si on pousse cette approche de l’histoire on arrive à cette thèse que les auteurs défendent :

« L’histoire n’est pas autre chose que la succession des différentes générations dont chacune exploite les matériaux, les capitaux, les forces productives qui lui sont transmises par les générations précédentes »

Autre point fondamental, l’histoire c’est l’analyse, par les moyens de production non seulement des rapports entre l’homme et la nature, leur environnement. Mais aussi entre les hommes. Et cela va notamment jusqu’au fonctionnement de l’État.

« La forme de cette relation est à son tour conditionnée par la production. »Avec ça on a le fondement de la thèse de l’ouvrage. En appliquant les thèses que je viens de

mentionner, les auteurs expliquent tous les processus historiques.

Dans ces analyses historiques, on va pas se mentir, il y a du bon et du moins bon. Marx et très tributaire de l’historiographie de son époque, et donc il y a des choses qui collent pas. C’est une vision très dix-neuvième siècle de l’histoire. Mais il y a des choses comme le développement de la mondialisation, que lui nomme « histoire universelle » qui est probablement plus pertinent de nos jours que quand ça a été écrit.


EXPLICATION DE LEUR SOCIÉTÉ CONTEMPORAINE

« l’idéologie allemande » n’est pas un livre d’histoire. Ce livre est écrit par des auteurs qui veulent très clairement la révolution communiste et qui ne s’en cache pas. Et donc on a une analyse de l’histoire, pour expliquer pourquoi ce qui va pas actuellement ne va, et comment passer à autre chose.

Le ^premier coupable révélé par l’histoire c’est la division du travail. C’est le processus par lequel dans une société chaque personne a un rôle, plus ou moins figé. On est psy, boulanger...

Pourquoi c’est pas bien la division du travail selon Marx ? Déjà, la division du travail crée une société où on est prisonnier de notre rôle. Il imagine un mode de vie au contraire où les personnes pourrait faire une multitude de choses au gré des besoins et des envies.

Dans le rôle que la division du travail nous assigne, on peut se retrouver à avoir un travail qui soit n’a pas de sens pour soi, voir même qui va à l’encontre de nos propres intérêts. Ici Marx ne parle pas encore d’aliénation, mais c’est cela qui s’esquisse.

Avec la division du travail, on arrive à des situations où des parties de la société en dominent d’autres (typiquement patron vs ouvrier).

Pour comprendre comment la division du travail fait émerger une classe dominante, il faut traiter du concept de propriété privée. Distinction entre travail accumulé (ou ppté privé) vs travail réel. On a une classe de personnes qui n’ont que la propriété privée et une autre classe qui fait tout le travail réel. Par exemple on a un patron qui possède un capital qui lui permet d’acheter le bâtiment, les machines. Ça c’est la propriété privée. Et les employés qui se tuent à la tâche et qui dans les faits tourner l’usine, ça c’est le travail réel. La division du travail permet à un groupe de personne d’avoir de plus en plus de travail accumulé, de propriété privée. Ce groupe devient un classe, classe dominante.

Avec ça on a le fondement de ce que l’on appelle la lutte des classes, bien que le terme n’apparaisse pas dans le livre. Les révolutions jusqu’ici n’étant qu’une classe dominante qui devient renversée par une autre classe qui devient elle-même dominante.

Par l’analyse historique, les auteurs nous montrent comment on arrive à la classe dominante contemporaine du livre avec l’évolution des villes au Moyen Âge. D’une division du travaille qui est le corporatisme. Puis apparition de la bourgeoisie. Apparitions de la grande bourgeoisie avec le développement de la manufacture et du commerce. Description de l’arrivée de la mondialisation, du besoin de politiques protectionnistes pour protéger les industries des pays. Puis comment la mondialisation prend le dessus.

« La grande industrie créa une classe dont les intérêts sont les mêmes dans toutes les nations et pour laquelle la nationalité est déjà abolie. »

Un passage que je trouve à titre personnel très intéressant est celui sur comment la classe dominante se maintient en place. Elle doit faire passer son intérêt pour un intérêt commun à tous. « cette classe est obligée de donner à ses pensées la forme de l’universalité, de les représenter comme étant les seules valables. Et elle peut le faire, car elle possède les moyens de production (par sa propriété privée), et donc les moyens de production intellectuelle. » C’est comme si un grand bourgeois de nos jours utilisait sa propriété privée pour acquérir des choses comme des chaînes de télé, des radios, des journaux. Et que ces médias se mettaient à défendre la position de la classe de ce grand bourgeois. Je sais c’est dur à imaginer.


LA RÉVOLUTION COMMUNISTE

Le but de ce livre, au bout du compte, c’est de penser la révolution pour la faire. La dernière ligne du livre c’est :

« les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières,ce qui importe c’est de le transformer. »

Clairement on est pas dans de la simple description mais dans quelque chose d’un peu plus proactif.

Marx est très critique des révolutions qui ont eu lieu, pur lui c’est juste une classe dominante qui se fait renverser par une autre classe qui devient la dominante.

Ce qu’il faut pour lui c’est une révolution où la classe dominée se rend compte du pouvoir qu’elle a, car en réalité c’est son travail réel qui fait tourner la société, pas le travail accumulé. Il faut qu’elle renverse la société, détruise la division du travail pour que les classes disparaissent et que le travail de tous soient du travail réel, qui va dans leur intérêt et qui a du sens pour eux.


RAPPORT AVEC L’APPS

Les auteurs, par leurs outils d’analyse de l’activité humaine, expliquent le développement des humains. Cela est vrai aussi pour la conscience humaine.

Ils affirment que la production des idées, des représentations et de la conscience est d’abord et intimement mêlée à l’activité matérielle et au commerce matériel des hommes.

« A l’encontre de la philosophie allemande qui descend du ciel sur la terre, c’est de la terre au ciel que l’on monte ici. Et même les fantasmagories dans le cerveau humain sont des sublimations résultant nécessairement du processus de leur vie matérielle que l’on peut constater empiriquement et qui repose sur des bases matérielles. »

« Dès le début une malédiction pèse sur l’esprit, celle d’être entachée d’une matière. ».

Ils affirment que le langage et la forme de la conscience que l’on peut partager avec autrui.

« le langage est la conscience réelle, pratique, existant aussi pour d’autres hommes »

« Tout comme la conscience, le langage n’apparaît qu’avec le besoin, la nécessité du commerce avec d’autres hommes. »

C’est là qu’on retrouve la pratique de l’APPS. Ici on parle du transfert de valeur du social dans le mental. Et dans l’idéologie allemande, les auteurs montrent l’absence totale d’indépendance entre la conscience et la société. A partir de là on peut imaginer un ensemble de processus d’interaction, de transferts, entre le social et ce qui relève de l’esprit.

« La conscience est donc d’emblée un produit social et le demeure tant qu’il reste des hommes. »

Cela nous aide aussi à justifier l’utilisation de l’outil Marx pour ce qui concerne le mental, dans le cadre de notre pratique, car c’est un pas que lui-même franchis ici.


Clémence Fouques


Illustration : ©Van gogh

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