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Réflexions à propos de la journée de travail APPS du 5 avril 2023 - II



La 4ème Journée de travail de l’APPS, « Que faire avec des contradictions dans le mental ? » s’est déroulée le 5 avril 2023

J’indiquais à propos de cette journée dans un premier article « Réflexions à propos de la journée de travail APPS du 5 avril 2023 » un certain nombre de points permettant de saisir et interroger notre orientation de travail :

le mental n’est pas une entité mais un rapport vivant traversé par des poussées contraires et cette caractéristique transférentielle fait notre boussole dans l’accueil d’une personne, dans la façon de travailler avec elle les questions qu’elles portent et qui véhiculent des formes valeurs mots-images-corps.

Cela entraine la prise en considération de l’appel fait par la personne quant à une relation d’aide qui sollicite donc le rapport humain, le rapport social et c’est bien à partir de ce fait social que nous pensons avec la personne ce qui doit se modifier dans l’organisation concrète de sa vie.

Nous avons débuté la publication des exposés de la journée de travail par la série concernant le thème « les contradictions dans le mental et les injonctions paradoxales » et cela nous a poussé à indiquer que prendre le problème psy d’une personne par le concept de symptôme est toujours le signe d’un système bâti sur une structure préétablie, un principe abstrait placé d’emblée comme souverain.

Vers quoi nous pousse l’exposé « les contradictions dans le mental avec Dostoievski » ?

L’exposé proposé par Liuba Churyla et Thomas Beaubreuil s’est centré sur l’analyse psycho-sociale de l’enchevêtrement des poussées contraires et des contradictions dans le mental chez les trois personnages centraux de l’ouvrage « L’idiot ». Poussées contraires qui animent les trajectoires individuelles et leur articulation avec les contradictions du monde social sont au programme et le transfert de valeurs permet un éclairage pertinent des dynamiques concernant le meurtre social, l’égalité sociale ou encore la triangulation amoureuse.

Plusieurs pistes de réflexion nous sont données grâce à ses perspectives. En effet tout comme Marx, Dostoievski est un auteur qui ne s’arrange pas avec la réalité. Ils la prennent tous deux telle qu’elle semble se présenter à eux.

Pour nous praticiens en analyse pratique psycho-sociale, la réalité c’est tout simplement le transfert social et donc le transfert de valeurs.

Le positionnement de Marx et Dostoïevski sont bien sûr différents, mais c’est dans le commun entre eux que s’expliquent les contradictions, et les apports sont à chercher dans les transferts de valeurs qui s’enchevêtrent et seront bénéfiques à l’élucidation des différences portées à travers l’angoisse sociale, la jalousie et la dévalorisation de l’estime de soi ou la confiance dans les autres. La valeur de la vie humaine est au travail avec d’un côté la superposition des sens et la violence nihiliste et de l’autre côté le meurtre social dans son rapport à l’égalité sociale.

Nous sommes ainsi poussés à préciser notre matérialisme dialectique pratique et la triangulation amoureuse est loin de la triade hégélienne chez les deux auteurs pour des logiques différentes. Les phénomènes décrits par Dostoïevski pourront ainsi être lus et transformés avec la méthode que nous décrivions dans notre article « conclusion de mon livre, ‘’ percurso para a analise pratica psicosocial, ensaio sobre a transferencia social’’ » (1)

« Une seule chose préoccupa Marx, y est‑il dit : trouver la loi des phénomènes qu'il étudie... Ce qui lui importe par-dessus tout, c'est la loi de leur changement, de leur développement, c’est‑à-dire la loi de leur passage d'une forme à l’autre, de tels rapports sociaux à tels autres.

Ainsi donc Marx ne s’inquiète que d'une chose : démontrer par une recherche rigoureusement scientifique la nécessité de rapports sociaux déterminés, et constater, et vérifier dans toute la mesure du possible, les faits qui lui ont servi de point de départ et de point d’appui. Pour cela il suffit amplement qu’il démontre, en même temps que la nécessité de l’organisation actuelle, la nécessité d’une autre organisation qui doit inéluctablement sortir de la première ‑ que l’humanité y croie ou non, qu’elle en ait ou non conscience. Marx envisage le mouvement social comme un enchainement naturel de phénomènes historiques, enchainement soumis à des lois qui non seulement sont indépendantes de la volonté, de la conscience, et des desseins de l’homme, mais qui au contraire, déterminent sa volonté, sa conscience, ses desseins. [Avis à MM. les subjectivistes, qui dissocient l'évolution sociale de l'évolution de l'histoire naturelle, précisément parce que l'homme s'assigne des « buts » conscients et s'inspire d’idéaux définis.] Si l'élément conscient joue un rôle aussi secondaire dans l'histoire de la civilisation, il va de soi que la critique dont l’ objet est la civilisation même, ne peut avoir pour base aucune forme de la conscience ni aucun fait de la conscience. Ce n’est pas l'idée, mais seulement le phénomène extérieur, objectif qui peut lui servir de point de départ. La critique se borne à comparer, à confronter un fait, non avec l'idée, mais avec un autre fait ; seulement elle exige que les deux faits aient été observés aussi exactement que possible, et qu'ils constituent à l ‘égard l’un de l’autre deux phases différentes du développement; par-dessus tout, elle exige que la série des phénomènes, l’ordre dans lequel ils apparaissent comme phases d’évolution successives, soient étudiés avec non moins de rigueur. Marx conteste que les lois économiques soient toujours les mêmes, qu’elles s’appliquent au passé comme au présent. Au contraire, chaque période historique, selon lui, a ses propres lois. La vie économique présente dans son développement historique les mêmes phénomènes que l’on rencontre en d‘autres branches de la biologie. Les vieux économistes se trompaient sur la nature des lois économiques, lorsqu’ils les comparaient aux lois de la physique et de la chimie. Une analyse plus approfondie des phénomènes a montré que les organismes sociaux se distinguent autant les uns les autres que les organismes animaux et végétaux. En se plaçant de ce point de vue pour étudier l’économie capitaliste, Marx ne fait que formuler, d’une façon rigoureusement scientifique, la tache imposée à toute étude exacte de la vie économique. La valeur scientifique d’une telle étude, c'est de mettre en lumière les lois (historiques) particulières qui régissent la naissance, la vie, la croissance et la mort d'un organisme social donné, et son remplacement par un autre supérieur. »

Telle est la référence dialectique que nous mettrons en œuvre à l’APPS contre la triade hégélienne ou œdipienne, contre le présupposé de la structure. Cette orientation, que nous mettrons en chantier collectif, associée à l’outil du reflet ou miroir inversé du transfert de forme valeurs, nous permettra également de sortir de la référence à l’identification au symptôme, aujourd’hui majoritaire parmi les praticiens en santé mentale, que l’on retrouve aussi bien dans la fin d’une psychanalyse lacanienne (2) qu’en place centrale du DSM et des thérapies qui en sont issues.


Hervé HUBERT


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