RÉFLEXIONS À PROPOS DE LA JOURNÉE DE TRAVAIL APPS DU 5 AVRIL 2023
La 4ème Journée de travail de l’APPS, « Que faire avec des contradictions dans le mental ? » s’est déroulée le 5 avril 2023 avec le soutien logistique de la Fondation Elan Retrouvé que nous remercions ici à nouveau.
Cette journée succédait à ce qui commence à faire une série logique, à savoir, « Il n’y a pas de maladie mentale » en 2019, « Questions autour d’Antonin Artaud » en 2021 et « Pour de nouvelles pratiques en santé mentale » en 2022.
Notre volonté de proposer d’autres façons de prendre les questions de la souffrance psychique s’affirme et prend forme ; le mental qui n’est pas une entité mais un rapport vivant est traversé par des poussées contraires et cette caractéristique transférentielle fait notre boussole dans l’accueil d’une personne, dans la façon de travailler avec elle les questions qui la traversent et véhiculent des formes valeurs.
Cela est fondamentalement différent du traitement psychiatrique ou psychologique classique qui débute toujours par le symptôme que cela soit pour la prescription de psychotropes, la classification DSM, les TCC ou la psychanalyse. Le symptôme reste la pierre angulaire des politiques ségrégatives en santé.
Ce que produisent les poussées contraires dans le rapport mental prend forme d’appel. Je rappellerai ici l’apport du médecin, philosophe et résistant contre le nazisme, Georges Canguilhem, qui évoque la négation de l’appel produit vers la médecine. « Par une altération lente de ses objectifs, la médecine qui était réponse à un appel qu’elle était primitivement, est devenue obéissance à une exigence. Ainsi la médecine qui est primitivement réponse à un appel émanant d’une personne singulière s’est trouvé déviée par ce qui est devenu obéissance à l’exigence des normes et des protocoles »
Ce constat fait par Canguilhem est des plus actuels. Prendre la question de la souffrance psychique par le symptôme est obligatoirement prendre cette pente dénoncée par Canguilhem. En effet l’accent sur le symptôme psy est toujours le signe d’un système bâti sur une structure préétablie, un principe abstrait placé d’emblée comme souverain.
A l’APPS nous pensons l’organisation humaine à partir de la vie des rapports sociaux, soit comme produit de rapports multiples, toujours changeants, toujours en évolution, toujours provisoires.
Dans ce contexte il s’agit bien de répondre à un appel humain dans le cadre d’un savoir partagé.
Travailler ces rapports et apports multiples non centrés et non linéaires mais organisés en rapports dialectiques en spirale est notre outil concret.
Cela explique le déroulé de notre journée de travail qui a discuté des apports d’auteurs aussi différents que Politzer, Bateson, Searles, Fanon, Asimov, Dostoievski, Ferenczi, Marx.
Il ne s’agissait pas d’une compilation d’apports mais de mises en rapports.
Ce qui est à souligner est qu’il s’agit du produit d’une formation APPS « Que faire avec les contradictions dans le mental ? ». Pour la deuxième année consécutive cette journée a été organisée par les stagiaires du Centre Georges Politzer, CPMS de la Fondation Elan Retrouvé : étudiantes en psychologie, bénévoles, usagers. Cette organisation a donné lieu à un travail collectif en petits groupes correspondant à une thématique spécifique sur les poussées contraires favorisant ainsi un échange dynamique, vivant …et donc contradictoire.
Nous publions progressivement les textes de la journée sur ce blog.
Nous débutons par la série d’exposés concernant le thème « les contradictions dans le mental et les injonctions paradoxales » et espérons que cela suscitera débat et publication d’articles. contradictoires.
Hervé HUBERT
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