Problématiques autour de la lecture des mémoires du Pdt Scherber,
Propositions pour l’exposé :
Voici les réflexions que nous avons eus autour du précédent texte, avec Pierre-Axel et Hervé, dans le cadre de la journée de travail de l'APPS :
Le schéma familial et social
La cellule familiale de Schreber se compose autour du père.
Lui-même psychiatre, autoritaire et maltraitant envers ses enfants, semble à l'origine des injonctions sociétales.
Cette cellule familiale intégrée dans un schéma sociétal, présente un impact sur étayage premier, créant une problématique dans les rapports sociaux futurs.
Rôle du père :
Le rôle du père se transfère sur le jeune Schreber, qui subit une double Injonction à la reproduction : reproduction sociale et reproduction sexuée.
Ainsi il se trouve en défaillance dans le rôle social de notable ainsi que dans la reproduction sexuée, ce qui portait la nécessité de transmettre le nom de Schreber, avoir une descendance, c'est ce qu'on peut appeler un transfert social familial.
Schéma social :
Le travail, avec ses responsabilités et obligations le conduit à ce qu'on a de qu'on appellerait aujourd'hui un burn out.
Il est question de privation, autour de l’impossibilité à remplir le rôle de père, (impossibilité de reproduction sexuée), mais aussi de satisfaire à cette obligation sociale et les deux problématiques se nouent.
Ainsi le surmenage, et l'échec social qui en découle constituent une menace, sur la famille, sur le nom des Schreber. C'est ainsi que commence le transfert sur Flechsig, dont la famille serait une menace pour celle de Schreber, d’où la peur du meurtre de l’âme.
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• Nous nous sommes également interrogés sur la réalité de la rivalité entre les familles Schreber et Flechsig, ainsi que sur le rôle de la femme de Schreber et de son intérêt pour Flechsig dans cette menace.
Celle ci a le portrait de l'homme qui a sauvé son mari, peut-être n'est-ce pas forcément une attirance pour l'homme , mais plutôt une façon de l'inclure dans la famille élargie, comme celui qui pourrait sauver cette famille.
Peut être Schreber a vu Flechsig comme une menace ( il serait l'homme viril que Schreber n'est pas).
Cependant pour répondre à la problématique concernant le rôle de père, il se trouve remplacé par rôle de mère.
Sans que Schreber le formule consciemment.
Pris dans les contradictions liées à ces injonctions et stéréoptypes sociétaux, s'il se rêve en femme " en train de copuler", il ne peut éveillé imaginer une telle chose, il dit qu'il en serait choqué, et si la honte liée à cette condition se manifeste au travers des voix qu'il entend et qui se "moquent" de lui, il réalise que cette condition de femme, lorsqu'elle devient proche de Dieu, lui apporte la possibilité de reproduction ;
Ainsi il peut sauver la famille, et pour ce faire, remplacer rôle social défaillant par un autre rôle social.
Pourtant il est aussi question du stade de l’enfance qui n’aurait pas été dépassé.
Il en résulte une difficulté à entrer dans logique adulte, en raison des maltraitances.
Une difficulté d’accepter les responsabilités ainsi qu'un besoin de la reconnaissance de ses pairs.
Psychiatrie : Rôle et impacts des traitements
Jusqu'ou les traitements subis ont-il conduit Schreber à cette production délirante ?
Etant données les méthodes du père, une logique de transfert du père vers Flechsig se met en place : le psychiatre qui peut lui rappeler les maltraitance et violences domestique
Il est intéressant de rentrer dans le détail des traitements utilisés. d'après le récit de Schreber, on note des "traitements" maltraitants, autour de l'enfermement, l'abandon et la privation :
“Je n’avais rien en ma possession pour écrire ; tous mes objets usuels (vêtements, montre, porte-monnaie, ciseaux, etc.) avaient été confisqués, il n’y avait dans ma chambre que quelque quatre ou cinq livres que j’aurais certainement pu lire, n’était que je n’avais aucun espèce de penchant pour la lecture.”
Schreber, Daniel paul. Mémoires d'un névropathe (French Edition) (p. 171)
La maltraitance pendant les hospitalisations a-t-elle rappelé des traumas de la petite enfance ?
On note également un sentiment d’injustice renvoyé à sa condition sociale :
“Hélas, il n’en résulta que les apparences illusoires du contraire, et un monde d’indignités dans le traitement que l’on réserva à ma personne pendant des années de souffrance, au cours desquelles on parut avoir totalement oublié mon état et la position professionnelle élevée dont j’avais été investi par le passé. À plusieurs reprises, il arriva que l’infirmier M. me laissât au bain que je voulais quitter après un temps convenable, me rejetât dans la baignoire, ou encore, le matin, quand le moment de me lever était venu et que je voulais me lever, il me renvoyait au lit pour des raisons qui me sont inconnues”, Schreber, Daniel paul. Mémoires d'un névropathe (French Edition) P176
Le Désir :
• Questionement du desir :
La question que nous nous sommes posés est la suivante :
A-t-il du desir ? si oui pour quoi ou pour qui ?
Le désir sexuel et sexué premier est lié a un attrait et non pas à un sexe.
Ce désir se situe en dehors du social.
Puis nous voyons comment le désir est influencé par les dictats sociaux, médicaux et religieux.
Chez Schreber la pulsion de désir serait coupée , à un stade infantile, ce qui est une explication possible du burn out, car son désir ne le maintient pas en vie.
Il est dans l'impossibilité de construire du désir envers un objet identifié, puisque le désir est bloqué à un stade infantile, en raison de la maltraitance : pulsion de vie rompue.
Ainsi, l'homme qui n’est pas devenu adulte sexué, ce qui peut renvoyer à ce problème de reproduction.
On note cependant qu'il est fait mention des fausses couches de sa femme, et qu'àcette époque, la responsabilité de l'infertilité était surtout attribuée aux femmes, et pourtant ce problème semble lui faire remettre en question sa propre virilité.
• Tabou de la sexualité
La sexualité hors de la reproduction renvoie à la notion de péché.
De plus , on note une problématique de genrer le désir. Les désirs féminin et masculin sont présentés différemment. La question de la volupté serait associée au corps entier de la femme, mais chez l’homme est uniquement situé dans son organe sexuel ( reproductif) , ce qui rejoint la notion du péché, et de la tentation, renvoyée vers la femme.
Concernant le rêve sur la mort de la femme de Schreber, on peut l'interpréter comme l'absorption de la féminité de sa femme. Aisni cette dernière disparait ( morte dans le rêve) et lui-même acquiert un désir, associé au féminin et à la reproduction. Aussi, si la femme percevait Flechsig comme une homme important,
au départ Schreber développe les mêmes sentiments, puis se sent persécuté par lui.
Ainsi nous postulons que s'il absorbe sa femme il absorbe en quelque sorte aussi le problème de la fausse couche, d'où une reproduction divine nécessaire.
Ce glissement d'un genre a l'autre, avec absorption du féminin ( de sa femme) , cette possibilité de devenir fertile, qu'il explique, lors de son internement, avec une volonté de prouver une préservation de sa capacité de réflexion, constitue ainsi sa revanche face a la société.
Nous n'avons pas de réponse sur attirance pour Flechsig postulée par Freud et la question de l’homosexualité :
Est -ce un biais car on part d’une notion de désir interne, et non tourné vers un objet, l'objet est-il masculin par défaut car il s’envisage dans le rôle féminin ?
Ou au contraire Schreber se voit dans rôle féminin car ne s’envisage pas en tant qu’homme, dans ce désir.
Cette confusion dans le genre, liée aux stéréotypes, rejoint l’assignation de rôle social.
Le moyen d’échapper à ces injonctions, en devenant femme, associé au divin qui permet de sortir de la notion de péché, tout en ressentant désir et plaisir, de nouveau associé à la reproduction, lui permet de répondre aux deux contraintes, à ces deux échecs, à ces deux tabous.
La production délirante est ici sa porte de sortie.
Ainsi, concernant la question de l'identité sexuelle, plutôt que de répondre par des interprétations, on remarque surtout un problème social et une impossibilité d'être en société, en tant qu'homme.
Il ne s'autorise pas a avoir du plaisir, donc subit la frustration du désir de paternité mais aussi du désir sexué.
La responsabilité qu'il semble porter quand à l'infertilité serait liée a la maltraitance, d'avoir été dévalorisé par son père.
Et finalement le délire le maintient en vie.
En conclusion, nous posons la question du ternaire, non pas parce que Schreber serait une personne trans comme le postulait Lacan, mais parce que le genre humain est ternaire.
Et que quelqu'un puisse le projeter dans un délire , ne fait que le confirmer : parmi les solution de sortie, il y a cette absorption, avec derrière, cet enfantement. Quand il a échoué dans le soit disant masculin, il part dans le soit disant féminin.
Journée de travail de l'APPS, suite à la formation " Que faire avec un production délirante"
Luka Mongelli
Pierre Axel Léotard
Hervé Mugisha
Illustration : ©Bram Van Velde
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