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IVAN JABLONKA, À LA FRONTIERE ENTRE LE MASCULIN ET LE FEMININ 



Fernand Leger



IVAN JABLONKA, À LA FRONTIERE ENTRE LE MASCULIN ET LE FEMININ : LA PENSEE HUMAINE VIT DANS UN TRANSFERT


Dans une entretien avec France Culture [1], l'historien et essayiste Ivan Jablonka parle de son autobiographie, dont il tire des réflexions sur sa place dans la société et ses effets sur lui-même et sur la vie des personnes en général. Le dialogue entre Ivan Jablonka et France Culture s'est articulé autour de la frontière entre le masculin et le féminin, en l'occurrence une autobiographie de genre sur la masculinité, comme il l'a déclaré.

Jablonka a souligné l'importance de pouvoir s'interroger sur la masculinité, car remettre en question cette façon d'être et d'exister dans le monde, c'est pouvoir remettre en question la norme, la vie. Pour l'historien, interroger la vie elle-même, c'est se connaître et se connaître en tant que société, structure sociale et singulière. Les éléments sociétaux abordés dans un entretien étaient la masculinité et la notion de virilité qui lui est associée; quelle masculinité est prescrite dans la société ? Comment le genre et notre culture sexuelle s'inscrivent-ils dans une génération ? Quelle est l'intersection entre le genre et la génération ? En d'autres termes, dans quelle mesure sommes-nous marqués par les événements et les faits de notre époque ?

Parmi les critiques de cette sociabilité masculine, on reconnaît que ce type de relation sociale est lié à la misogynie, à l'homophobie et que, par conséquent, on ne manque pas de mentionner la violence. Selon Jablonka, la non virilité étant synonyme d'homosexualité est un stéréotype produit dans une sociabilité binaire : être un homme c'est être viril, avoir des muscles et être une femme c'est être fragile, sensible. Dans cette perspective d'analyse, devenir un garçon ou une fille est un phénomène collectif, social.

Nous exposons certains des rapports de Jablonka sur son expérience afin de pouvoir introduire plus tard quelques questions qui peuvent intéresser la Psychanalyse Sociale. L'historien a révélé qu'il se comparait à un garçon, mais qu'il ressemblait à une fille : « J'étais un garçon avec la sensibilité d'une fille. J'ai eu une hypersensibilité. Je n'étais pas gay, mais j'avais une sensibilité de fille ». Il a dit qu'il ressentait un climat homophobe chez ses amis, alors que certains amis préféraient la puissance des muscles, Jablonka préférait la puissance des mots, en ce sens qu'il disait être plus une fille qu'un garçon, à cause de sa sensibilité, son hypersensibilité non approuvée par le monde masculin et viril qui l'entoure.

Un des souvenirs qui l'a marqué est celui de draguer les filles. Ses amis ont dit que Jablonka ne représentait aucune menace. Le drague est un des traits de la masculinité et, à son tour, l'historien a avoué avoir souffert pour cela, il a essayé de draguer les filles qui écrivaient des poèmes et les offraient, le résultat a été un désastre selon lui, il existe une culture du drague associée à la virilité. Il a déclaré : « Ce qui fait de moi un garçon, un adolescent, un jeune homme, c'est sa famille, son école, le club de son père, son service militaire ». De ses souvenirs, il rapporte l'image de sa mère, professeur de grec et de latin et le stéréotype des choix, les ambitions de sa famille sont devenues ses ambitions.

Jablonka a mis en évidence certains débouchés pour les déterminations sociales liées à la masculinité. Pour lui, l'acte d'écrire des livres est une façon d'être en mouvement, il correspond à la natation, à un sport, c'est ce qui lui permet d'être vivant, ainsi que la sensibilité, l'intellectualité. Écrire des livres est une action pour se souvenir de soi-même et, dans son travail, entre la documentation des souvenirs par le dessin, le cinéma et l'histoire orale, entre la documentation et le réel, c'est l'occasion de créer une interprétation, une hypothèse.

Parmi ses hypothèses de travail qui concernent son histoire de vie, l'historien a cité deux types de masculinités : une masculinité de domination, à laquelle il préfère ne pas croire et à laquelle il peut donc échapper : le type blanc, hétérosexuel et qui accède aux privilèges et à la sphère publique. Et une deuxième masculinité, la masculinité dissidente, marquée par l'hypersensibilité, est lue à propos d'un choix fait à son âge en tant qu'homme : concilier masculinité et féminisme et proposer une justice de genre. Selon Jablonka, il y a peu d'hommes qui tentent de rompre le silence...

Une tâche nécessaire pour lui, dans laquelle il s'est investi, est de produire des connaissances et de les diffuser, de maintenir une hybridité des genres, en associant les sciences sociales à la littérature. La littérature est ce qui aide à comprendre le monde : c’est là que chaque lecteur a la liberté absolue de faire son travail à partir de l'œuvre qu'il lit.

Le récit de Jablonka sur son histoire de vie nous permet de réfléchir à la pratique proposée par la Psychanalyse Sociale : « Il y a un transfert du social dans le mental ». Cet aphorisme accompagne l'affirmation de l'historien sur ce qu'il a vécu et analysé à partir de cela, « devenir un garçon ou une fille est un phénomène collectif, social ». Comment vivre dans une société où être un garçon c’est être viril et être une fille c’est être sensible ? Jablonka a dit qu'il ressentait et vivait le contraire : c’était un garçon, mais il ressemblait à une fille. Il était sensible et utilisait des mots, pas des muscles. Dans un transfert social qui pousse à la normativité, y a-t-il de la place pour la différence ?

La réponse à cette question serait peut-être de chercher à en formuler d'autres. M. Hubert, s'accrochant à Marx comme à son outil, souligne les questions qui touchent à la pensée humaine : la vérité objective conduit à l'attribution de la pensée humaine. Il s'agit donc ici de pratique avant tout et de prise en compte de l'essence humaine dans une réalité effective et dans l'ensemble, effet, effet des rapport sociaux.

Concernant les questions soulevées par l'entretien avec Jablonka : « quelle masculinité est prescrite dans la société ? Comment le genre et notre culture sexuelle s'inscrivent-ils dans une génération ? Quelle est l'intersection entre le genre et la génération ? En d'autres termes, dans quelle mesure sommes-nous marqués par les événements et les faits de notre époque ». Nous cherchons d'autres questions pour ces questions dans « La pensée humaine vit dans un transfert » [2], selon M. Hubert, les questions banales de la vie quotidienne peuvent donc fabriquer un drame ou une tragédie dans la vie humaine, les processus de la vie réelle développent aussi les idéologies des processus vitaux, et nous citons : misogynie, machisme, modèles de masculinité, racisme, classisme, etc. Pour nous, il s'agit de mettre en évidence et de maintenir un primat de la pratique dans le transfert social, sachant que ce n'est pas la conscience qui produit la vie, l'être social, mais que c'est la vie, l'être social qui produit la conscience.

L'autobiographie de Jablonka, à notre avis, apporte en elle-même ses impasses et en même temps ses propres sorties. L'historien et essayiste reconnaît la puissance qui existe dans la possibilité d'assumer sa sensibilité et ses traits d'être social envers la masculinité virile à l'égard de l'homme comme le moteur qui met sa vie en mouvement. D'une part, il voit les mots et les stéréotypes vécus dans ses premiers groupes sociaux, la famille, l'école, avoue que les ambitions de sa famille sont devenues les siennes, mais il a trouvé dans son action un moyen de se souvenir de lui-même.

Eh bien, n’y a-t-il pas l'inconscient dans sa matérialité, dans son faire, dans ses contrariétés, se reprochant, avec la faute, de ne pas être ce que les autres veulent qu'il soit et également, cet inconscient du faire, profitant de sa singularité hypersensible et intellectuelle pour écrire, s'inscrivant dans la construction d'autres conditions de transfert social ? Introduire les conditions de la vie sociale par une autre base est une des propositions de la Psychanalyse Sociale, selon Hubert, travailler sur l'efficacité réelle du transfert social, c'est prendre la question sur une autre base, celle du primat d'un autre monde. Pour la pratique du transfert social, il est important, comme point de départ, de travailler à partir d'une analyse concrète de la situation concrète de l'individu et du collectif.

Maico Fernando Costa



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